Plus haut que la mer – Francesca Melandri

Un père visite son fils , une mère visite son mari dans une prison de Haute Sécurité sur une île en Italie. Suite à une tempête , ils resteront bloqués une journée sur l’île. Francesca Mélandri a écrit là un court roman dans l’ambiance des années de plomb (*). Après Eva Dort sur l’histoire complexe de la province germanophone du Haut Aldige et avant Tous sauf moi sur la conquête coloniale de l’Abyssinie par l’Italie mussolinienne, elle poursuit avec ce roman historique les moments difficiles de l’histoire italienne.Très belle ambiance et description émouvante des protagonistes et du milieu des gardiens de prison, la fin reste néanmoins un peu faible. A lire.

(*)Les années de plomb suivant Wikipedia : »De 1968 à 1982, une partie de la gauche « extraparlementaire », convaincue des vertus de la violence politique et persuadée de l’existence d’une menace de coup d’État, multiplie les attentats, les enlèvements, les demandes de rançon et les vols à main armée, tandis que l’ultra-droite mène sa propre campagne de terreur en brouillant les pistes pour en faire endosser la responsabilité à ses adversaires. »

Histoire de la Corse – Roberto Colonna d’Istria

Tour Génoise

Comme sa grande soeur, la Sicile, la Corse a été envahie tout au long de son histoire. Désunis entre familles et clans, les Corses, peuple paysan et éleveur et pas commerçant,se sont parfois donnés des dirigeants hauts en couleur. jusqu’au milieu du 18ème siècle territoire de Gênes , qui ne visait qu’à protéger ses voies maritimes, sans jamais la développer,elle a fini par devenir française.Cette histoire nous apporte à la fin quelques infos clés sur l’esprit corse, schizophrène entre fidélité à son clan/famille et rationnalité française. A lire.

Covid-19.Anatomie d’une crise sanitaire- Jean-Dominique Michel

Livre de l’anthropologue suisse des pratiques de santé, qui reprend le fameux article de son blog du 18 mars « Covid 19: fin de partie » où il contestait l’intérêt du confinement total pour cette épidémie qu’il ne juge pas pire qu’une épidémie de grippe, tout en disant que le virus est meurtrier pour les personnes à risque ( un exemple d’argumentation sinueuse) . Beaucoup d’informations dans cet ouvrage vite écrit et un peu touffu.

Il rappelle le manque de connaissance face à ce virus:1/ le taux de létalité surestimé ,faute de dépistage suffisant de la population,et connu seulement mi avril ( 0,2%), 2/ l’ignorance des paramètres du virus qui se révèle plus contagieux que les précédents (R0 de 5,6 au lieu de 2, 3/ la durée de contagiosité de 20 à 40 j et non 5 à 7 jours, 4/ distance interpersonnelle de contagion de 4 m et non 2 mètres

A partir de là, des projections de simulations alarmistes ( 500000 morts) ont conduit les gouvernements latins à des confinements sévères, dont il pense que ce n’était pas la solution , même s’il la respecte.

Il liste 11 recommendations pour une gestion efficace de la crise ( dont médecine préventive pour réduire le nombre de personnes à risque,dépistage, traçage, confinement des personnes à risques,…) dont on peut dire que 4 ou 5 au maximum ont été appliquées. Rappelle que les cas graves restent le point noir ( personnes agées et surtout avec maladies chroniques qui auraient nécéssité de la médecine préventive pour rétablir leur système immunitaire ).

Défend la démarche du Pr Raoult sur l’hydroxychloroquine:utilisé à 600mg par jour ( toxique à lus de 2g/j et électroencéphalogramme de suivi,le médicament aurait l’avantage de réduire la durée de portage viral de 12 à 4 jours ), mais s’il reconnait que l’efficacité n’est pas assurée . Dit qu’il a une démarche de médecin, plus que de scientifique: appliquer ce qui marche en situation épidémique .Dénonce les intégristes de la méthodologie, inutiles en situation d’urgence. Se pose la question du mode de communication du Pr Raoult, mais se révèle peu exigeant vis à vis de lui sur la rigueur de ses essais .A été atteint du Covid et l’a résorbé après 3 jours avec l’hydroxychloroquine et l’azithromycine

Pour revenir au confinement, fait une comparaison (très succinte) entre les approches en Corée, Hong Kong, Allemagne et Italie.Le point faible du livre est de ne pas s’interroger si le gouvernement pouvait décider si un non confinement était possible avec les moyens dont disposaient le pays ( lits de réanimation, absence de mise au point de tests pour ce virus , organisation centralisée ou décentralisée du pays , acceptabilité du traçage et du confinement sélectif ? etc…) et surtout une réflexion comment monter un système de santé capable d’encaisser ce genre de choc. Ne rappelle pas que le gouvernement avait la quadrature du cercle à résoudre pour agir : faire peur sans faire peur . Un élément de réponse interessant est la médecine préventive.

Sur sa vidéo You Tube, le personnage utilise un vocabulaire polémique qui fait penser au populisme , en n’étayant pas ses dénonciations.Un côté donneur de leçon.Je me dis que peut être l’épidémie n’était peut être pas si grave, mais elle demandait une excellence dans le plan sanitaire et dans son éxécution que la plupart des pays n’avaient pas. A lire donc avec un esprit critique.