Le blog de Bernie

Auteur prolifique, Fréderic Lenoir a rédigé cette biographie du célèbre psychiatre , Carl Jung, disciple de Freud dont il s’est éloigné ensuite. En complément de la biographie , l’auteur développe les principaux concepts sur la psyché humaine:inconscient bien sûr, mais aussi archétypes, mythes, symboles,etc… le process d’individuation qui a doit conduire à chacun à se développer. Le chapitre sur la relation au religieux est passionnant: l’acccès au sacré nous appartient et il est illusoire de changer sa religion d’origine.

Auteur majeur mais avec une pensée complexe à comprendre , précurseur des psychologies modernes y compris le développement personnel, ,Jung devient ici accessible . Livre facile à lire, même si on aurait aimé plus d’exemples pratiques..

Une biographie de Tocqueville,penseur politique , qui a visité l’Amérique en 1831-1832, alors jeune aristocrate, et en a sorti un livre majeur « De la Démocratie en Amérique ». Magistrat, il est envoyé en Amérique pour comparer les systèmes d’emprisonnement. Très vite, son long voyage le conduira à élargir son enquête au champ de la démocratie, en particulier sur l’égalité et la liberté. La description de la visite de l’Amérique des années 1830 est passionnante: la nouvelle Angleterre des élites , puis la frontière avec les villes pionnières, les Indiens,enfin le sud ,où il diagnostiquera que l’esclavage sera un danger majeur pour la démocratie et le pays.Il note l’importance des associations dans l’exercice de la liberté avec l’intérêt personnel cher aux américains.La sortie de son livre aura un grand succès en France mais aussi en Angleterre et aux Etats-Unis. Elu député de la Manche, il sera brièvement ministre mais quittera la politique, dépité et découvrant découvrira l’écart entre l’étude politique et l’exercice du pouvoir, également opposant au coup d’état de Louis-Napoléon.

Il visitera également l’Angleterre et dénoncera » l’inexpérience des philosophes leurs tendances autoritaires et centralisatrices, leur défense d’une reconstruction totale de la société, aux dépens de réformes et de compromis ». Il défendra de grandes causes: l’abolition de l’esclavage, les conditions d’emprisonnement , l’opposition au Second Empire , mais.. défendra la colonisation de l’Algérie.

Sur le risque de l’égalité :  » l’égalité qui, en divisant les hommes et en les réduisant au niveau de la masse , prépare la voie à l’établissement du despotisme,celui d’un individu ou celui de la foule, est-elle à même de promouvoir et d’assurer la liberté?

A la fin de sa vie, auteur d’un ouvrage sur la Révolution Française, il avancera l’hypothèse que les changements avaient commencé avant celle-ci ( l’abolition des privilèges avait été formelle ) et que c’est à la fois le pouvoir centralisateur des intendants et la demande populaire qui avait conduit à la Révolution.Autre façon de dire que les Revolutions n’arrivent pas quand les peuples sont les plus opprimés , mais quand un changement est déja bien engagé.

Une bonne biographie d’un brillant penseur , à la fois conservateur et visionnaire, qui se lit bien pour qui s’intéresse aux sciences politiques.

Un petit récit à 2 voix qui se passe en Italie , dans un petit village de la côte almafitaine. D’un côté Maria tient le bar du village, lieu de sociabilité.Véritable mamma à l’italienne, elle a un avis sur tout et régente son monde. De l’autre côté, Sofia, sa nièce, vivant à Paris est là pour les vacances et représente la jeunesse et la remise en cause de ce petit monde un peu fermé, qui sera confronté à diverses situations comme l’arrivée d’une migrante et son enfant dans le village. La scène de dégustation de pâtes dans un restaurant à l’occasion d’un voyage à Paris est un grand moment savoureux. C’est léger et cela se lit bien.

Ouvrage pendant du livre sur les hommes de gauche , mais moins riche ( 16 personnages). Il y a les grands classiques: Napoléon, De Gaulle, Poincaré, Chirac, Pinay,Thiers, mais aussi des intellectuels Chateaubriand, Tocqueville, Maurice Barrès , Raymond Aron, Il y a peu d’homogénéité , entre ceux qui ont accepté l’héritage révolutionnaire et ceux qui ne l’ont pas accepté, avec des monarchistes, des libéraux, des nationalistes, des libéraux ou des eurofédéralistes. La lecture des parcours des personnages en poste dans les années 1870-1885 est particulièrement intéressante pour comprendre comment la république a fini par s’imposer, ce qui était loin d’être gagné. Ouvrage utile pour balayer les idées conservatrices ou libérales depuis la Révolution, rédigé par des historiens, des universitaires en droit ou sciences politiques mais aussi des journalistes.

Une saga familiale qui se déroule en 1948 entre Beyrouth, Paris et Saïgon. Le père dirige une savonnerie à Beyrouth: il essaie de faire de son fils son successeur: échec.Ses enfants s’égaillent soit vers Paris, soit à Saïgon. un fils part retrouver un ami disparu dans la guerre d’Indochine;un autre débute dans le journalisme de faits divers mais cherche à sortir une affaire: ce sera le scandale des Piastres. Sous des dehors d’unité familiale parents-enfants , chacun se ment dans cette famille. C’est un long livre, qui se lit bien: les milieux du journalisme Paris et de Saïgon dans l’Indochine coloniale sont captivants : Beyrouth est par contre absent , comme si les parents y étaient implantées hors sol. Et comme c’est une trilogie, la fin du livre appelle la suite.

Ce manuscrit écrit en 1944 et perdu en 1944 , relate l’expérience de la guerre de 14 de Céline, entre roman et récit. Céline est gravement blessé en 1914 dans les Flandres , il regagne les lignes françaises, est décoré , il échoue dans un hôpital du proche arrière. Le moment de la blessure sous l’éclat d’un obus, sa relation avec les infirmières, ses parents venus le visiter, ses amis: ce sont tous des moments à vif de guerre et de sexe. Tout cela est décrit dans le style heurté de Céline,en langue parlée , renforcé par le fait que le texte n’a pas été revu par l’auteur. A mon avis, un grand texte d’un écrivain sulfureux dont on ne doit pas oublier la dérive antisémite puis son comportement collaborationniste en 44-45

Un livre de philosophie sur les différentes facettes de l’imprévu ( =ce qui n’est pas imaginé) , en opposition au prévisible (ce qui est imaginé) . J’ai accroché à certains chapitres, pas du tout à d’autres. Les notions de sise ( présence au réel ) , et de calme lié à l’ennui m’ont particulièrement intéressé. L’auteur, spécialiste des philosophies chinoises (confucianisme, taoïsme et bouddhisme), éclaire cela vu d’Asie. Si vous avez le courage d’ouvrir un ouvrage de philosophie, peut-être aurez-vous de bonnes surprises pour vous-même et votre vie.