Tesson poursuit ses pérégrinations: c’est son besoin de s’échapper, cette fois-ci en traversant les Alpes à ski de Menton à l’Adriatique. Jour après jour, le texte est réaliste , philosophique ou fait de fulgurances poétiques, que j’ai parfois saisies, parfois pas.
Réaliste: »Six heures durant, nous remontâmes le val.Les skis caressaient la pente en chuintant joyeusement.L’esprit suivait des lignes: les chemins vagues.Le vallon se fermait par un cirque de crêtes.Les rives boisées se toisaient de part et d’autre de l’auge. Tout était stable. »
Philosophique: « Dans le blanc, tout s’annulait, les voeux comme les regrets.On se suspendait dans une méditation, scandée par le mouvement.La joie de la contemplation se mêlait à la jouissance de tracer dans l’absolu.L’effort seul opérait le décompte.La fatigue sacrait le sentiment d’accomplissement. »
Fulgurances poétiques : »On skia vite sous les séracs du glacier.Des plaies de turquoises s’ouvraient dans un chaos de porcelaine.On avançait sous des cités de miettes, prêtes à verser.Le ski était une roulette: on misait tout sur le blanc. »