Un ouvrage récent d’un historien jeune qui nous rappelle cette période où la démocratie libérale et parlementaire est chahutée entre l’épisode du 6 février 34 avec les ligues et le Front Populaire.La France se modernise, mais a une faible natalité: l’épreuve de la guerre de 14 dans les esprits conduit à du renoncement face à la menace des fascismes.Le livre s’arrête à la drôle de guerre en avril 40 , juste avant l’offensive allemande et la débâcle française. Cette partie montre la faiblesse du gouvernement Daladier, et déja toutes les manoeuvres de Laval et Pétain, pour parvenir au pouvoir et faire la paix avec l’Allemagne, avant même la guerre. Cette partie inédite est particulièrement documentée et montre que Pétain et Laval étaient déja prêts pour prendre le pouvoir et défaire la République. A lire donc pour les amateurs, en relation avec la période conemporaine.

Le livre décrit les relations culturelles et politiques entre ces 2 pays proches depuis le 16ème siècle: les italiens venus en France, les français partis en Italie.Je donne quelques exemples d’éclairage de cette histoire.

Exemple 1:L’unité italienne (le Risorgimento) s’est faite par les Italiens eux-mêmes, tout étant aidée par Napoléon III. Le livre éclaire la période révolutionnaire et napoléonienne française qui ébranle les royaumes et duchés italiens avec la création des 24 départements de l’empire napoléonien.Plus concrètement en 1810 , le sentier muletier de Nice à Gênes a été remplacé par la route de la corniche.

Exemple 2:Les nombreux moments de l’histoire où la France a ignoré l’Italie, ce qui a crée du ressentiment de la part des italiens

Exemple 3: la vie et l’organisation des italiens ayant fuit dans les années 20 le fascisme.

David Van Reybrouck est historien, écrivain mais aussi militant de la démocratie et de l’environnement. Il écrit là une histoire de colonisation et de décolonisation peu connue du 3ème pays européen colonisateur : les Pays Bas. Cela a commencé avec une économie de comptoirs dans les Moluques , pour rapporter les épices , le poivre surtout, puis avec le déclin relatif des épices,les Hollandais ont effectué une colonisation terrestre au XIXème siècle de l’Indonésie avec les plantations ( hévéas, palmier à huile), avec des colons ,mais sans en faire une colonisation de peuplement. L’auteur évoque ensuite l’enchaînement de la 2ème guerre mondiale, côté Pacifique avec un Japon , gourmand en matières premières, une Amérique mettant l’embargo et ensuite l’attaque japonaise. Sur le plan des hommes et de l’émergence d’un sentiment national indonésien , les 4 factions sont décrites: islam, communiste, nationaliste et aussi régionaliste pour l’est de l’archipel. 
Les mécanismes entre 1945 et 1949 du chemin vers l’indépendance , la première d’un pays colonisé, sont mis en évidence ( rôle majeur des USA dans l’indépendance de l’Indonésie) avec un lot de massacres , surtout néerlandais,pages difficiles à lire.Le point de vue indonésien avec les 4 principaux leaders, leurs forces et faiblesses humaines est bien détaillé.Apprendre sur la conférence de Bandung en 1955 et son influence est particulièrement intéressant.La grande originalité du livre est d’être à la fois un livre d’histoire classique très documenté, mais aussi des témoignages souvent poignants de personnes ayant vécu ces années 40 et 50. Cela donne une humanité au récit.

La seule réserve que je ferais concerne certaines hypothèses attrayantes de l’auteur,qui mériteraient d’être plus étayées : la transition de la politique américaine d’un anticolonialisme dans lees années 50 vers un impérialisme après Bandung, surtout Bandung qui serait pour beaucoup à l’origine de l’Europe en 1958. Un autre point peu développé concerne la société néerlandaise et les lobbys économiques. Un très grand livre à lire qui apporte une vision non européo centrée de l’histoire mondiale pour le 4ème pays le plus peuplé ,de la planète.

Ouvrage d’historiens qui brosse le portrait de 30 personnages politiques de gauche qu’ils soient politiciens ou écrivains en une quinzaine de pages pour chacun. Cela va de Condorcet, Robespierre à Louise Michel, Arlette Laguiller, Mitterrand , mais aussi des écrivains tels Camus, Sartre, Beauvoirn,Zola avec des personnages oubliés mais importants comme Olympe de Gouges, Victor Schloecher, Jules Guesde, Léon Bourgeois.Toute la palette de la gauche est passée en revue avec la gauche républicaine laîque, les socialistes jusqu’aux communistes et troskystes.Un autre axe frappant concerne l’opposition entre les idéalistes ( Robespierre, Jean Jaurès, Jules Guesde) et les pragmatiques au pouvoir (Jules Ferry,Gambetta,Blum, Mendès France ),avec toutes la palette entre les 2. Certains ont été vilipendés par leur propre famille, d’autres ont eu une grande popularité. La préface de Michel Winock est particulèrement intéressante sur le développement des notions de liberté et d’égalité et des fractures qu’ils engendrent entre les gauches, comme la liberté d’entreprendre ou l’égalité sociale par exemple.Ouvrage qui a été passionnant pour moi.

Sujet d’actualité, Michel avait attiré mon attention sur ce livre qu’il a lu. C’est d’abord un livre d’histoire qui retrace l’histoire française depuis la Révolution jusqu’à nos jours.Eric Anceau est un historien universitaire, spécialiste du XIXème siècle, qui s’est engagé politiquement un moment donné.En parallèle avec chaque période d’histoire, il approfondit la composition des élites ( les ministres, les députés, les directeurs des grands administrations ) et leur origine sociale. A certaines périodes de notre histoire de France,, les élites sont profondément renouvelées , à d’autres périodes elles sont discréditées: parfois,elles remontent dans l’image des Français,suite à leur comportement exemplaire.Le livre est intéressant et se lit bien: il ne défend pas de thèse , fait peu de propositions, évoque les dernières évolution ( diversifier les recrutements, réformer les grands corps et leur système de classement d’entrée. Ce qui fait qu’à la fin de sa lecture, on reste un peu sur sa faim par rapport à la situation de défiance actuelle.Mais que peut on attendre de plus d’un historien?

Une histoire du réchauffement climatique depuis le XVème siècle. Un livre recommandé par Sandra.La forêt a joué un rôle majeur dans la perception du changement de climat: Christophe Colomb, gêné par les pluies dans les îles, voulaient abattre les forêts. La colonisation américaine prétendait améliorer le climat en défrichant.Le gouverneur de l’ïle Maurice voulait préserver la forêt…. pour pouvoir construire des bateaux pour menacer les Anglais.Pendant tout le XIXème siècle, des fortes variations de saisons ( l’éruption en 1815 d’un volcan indonésien perturbe pendant 3 ans le climat mondial) ont persuadé les hommes que le climat changeait à cause de la déforestation, d’où une farouche volonté politique de ne pas vendre les forêts nationales ,la fameuse enquête nationale de 1821 dans toute la France sur le changement climatique. Progressivement , ce sont les sols dégradés qui remplacent la forêt dans l’esprit des hommes, puis la découverte du carbone dans l’atmosphère avec une peur de manquer de carbone dans l’atmosphère, poussant certains à penser que les fumées d’usine avaient du bon.Progressivement les mesures apparaissent, Humbold invente l’isotherme en 1817. Livre assez passionnant qui permet de relativiser entre sensibilité à la nature, méconnaissance des mécanismes et intérêts bien compris.

Cet historien britannique, spécialiste de l’histoire française, m’avait passionné par l’histoire renouvelée qu’il donnait de la Résistance Française.

J’ai commencé la lecture de cette histoire comparée de la chute des empires britannique et français, depuis la poussée des indépendantistes jusqu’au Brexit et à l’Europe. Il apporte ou met en lumière des faits mal connus ou insuffisamment perçus. Il défend la thèse que les problèmes des communautés venant des anciennes colonies sont liées à un resurgissement des drames issus de la décolonisation: guerre d’Algérie en particulier.

Ses avis sont parfois contestables à ce sujet: pourquoi focaliser sur le MAgreb et ne pas explorer aussi la communauté vietnamienne. si la colonisation a concerné de nombreux français et en partie les rapatriés,d’Algérie, beaucoup d’autres français ne se sentent pas directement concernés.

L’esprit d’empire semble plus présent dans la culture britannique que française: le récent épisode du Brexit, finement analysé , aboutit au rêve actuel d’un Global Great Britain qui retrouverait la prééminence britannique passée . L’approche français est analysée comme plus subtile: en reconnaissant partiellement les effets néfastes de la décolonisation, l’engagement européen ( avec des arrières pensées de domination, vite abandonnées avec la montée en puissance de l’Allemagne) a été un substitut aux ambitions passées, tout au moins pour une partie des Français. Une histoire comparé des empires américains, arabes et maintenant chinois reste à écrire.

L’historien dissèque l’attentat contre De Gaulle sous toutes ses coutures, les faits, les raisons de l’échec, le procès, les justifications des conjurés,et même une histoire fiction si l’attentat avait réussi. L’origine est à trouver dans la fin de la guerre d’Algérie, où un colonel perdu mais chrétien, s’imaginant comme Stauffenberg en juillet 1944 contre Hitler, a monté ce qu’il a appelé un tyrannicide , thèse qu’il a défendue mordicus à son procès. L’autre élément à retenir est que cet attentat a contribué significativement à l’élection du président de la république au suffrage universel quelques mois plus tard.Sans oublier l’épisode cocasse et le quiproquo issu des poulets de Mme De Gaulle dans le coffre de la DS.Cela en fait un livre passionnant à lire pour ceux qui s’intéressent à cette période délicate de notre histoire.

L’historien britannique nous livre une histoire de multiples destins individuels qui initient une résistante à leur niveau: des Français , des juifs, des militaires, des allemands.Ensuite, c’est une histoire plus connue de la lutte entre les gaullistes et ceux issus de l’armée d’Afrique , restée fidèle à Vichy, jusqu’au débarquement des Américains en Afrique du Nord en 1942.Apparait ensuite l’émergence des communistes qui poussent à une insurrection populaire, opposés à la volonté des gaullistes de restaurer l’Etat par les commissaires de la république , très vite remplacés par les préfets. L’originalité du livre , c’est de donner à la fois une histoire à ras de terre passionnante des inconnus et en particulier des femmes qui ont eu le courage de résister , mais aussi la volonté de chaque parti de pousser son histoire officielle : Gaullistes minimisant le rôle des résistants en France par rapport à ceux de Londres, Communistes cachant la résistance héroïque des communistes pendant le pacte germano-soviétique et des communistes étrangers en France ( réseau MOI avec Manouchian). Tout cela nous rappelle qu’il faut du temps pour embrasser une histoire complète des faits. Et que les historiens étrangers ( en particulier britanniques ) sont toujours présents avec leur regard plus objectif.Un livre dense qui part de faits simples et révèle sans thèse annoncée une histoire de la Résistance renouvelée.A lire pour les amateurs de notre histoire.